A la sortie des artistes du palais des Congrès de Paris, où se joue actuellement "Notre-Dame de Paris", les fans - principalement des jeunes filles - demandent surtout des autographes à Garou, ce chanteur québécois de vingt-six ans que la France vient de découvrir grâce à la comédie musicale de Luc Plamondon et Richard Cocciante.
Pas bégueule, celui qui n'hésite pas à courber l'échine sous les défroques de Quasimodo se prête volontiers au jeu des signatures, avec une simplicité et une gentillesse de bon aloi. En moins de deux mois, alors que sort l'intégralité du spectacle en CD (voir notre rubrique "Chic un cadeau !" ainsi que "L'amour existe encore", un duo avec Hélène Ségara sur le disque "Ensemble contre le sida", ce garçon, à l'accent fleuri de la Belle Province, est en train de devenir une véritable vedette.
Ce succès vous fait peur ?
Je n'ai jamais eu comme rêve d'enfance d'avoir du succès et de pouvoir en vivre. Le vedettariat ne me touche pas plus que ça.
Ne craignez-vous pas d'être à tout jamais ce Quasimodo, sans pouvoir affirmer votre propre répertoire ?
Bien sûr, je pourrais vivre toute ma vie du personnage de Quasimodo. A soixante ans, à chanter courbé, je finirais par avoir vraiment mal au dos... C'est un rôle tellement difficile, tant physiquement que vocalement. En même temps, je suis persuadé que je n'aurai peut-être plus jamais des chansons aussi fortes que celles-là. Mais je serai content, le jour où je me débarrasserai de cette peau. C'est pour ça que je prépare déjà un album solo.
Garou, ce n'est pas votre vrai nom ?
Non. Mais, maintenant, ça l'est. Très peu de gens m'appellent de mon vrai nom, Pierre Garand. Garou, c'est un surnom qui me vient de la petite école, à Sherbrooke, une ville entre Montréal et Québec. Même mon père m'appelle Garou.
Que faisiez vous à Sherbrooke ?
J'allais à l'école, comme tout le monde. Un soir, il y avait dans un bar ce qu'on appelle chez nous un "chansonnier" sur scène. Il m'a invité à chanter, et le patron m'a finalement engagé. Ça s'est passé comme dans un film !
Avez-vous été contacté pour " Notre-Dame de Paris " ?
Luc Plamondon m'a découvert dans ce bar alors qu'il commençait à écrire "Notre-Dame de Paris". Avec mon groupe, nous reprenions des classiques de James Brown, d'Otis Redding... Il est revenu me voir avec Richard Cocciante qui a commencé à jouer une de ses compositions au piano. J'ai chanté le premier couplet, et le " déclic s'est fait ce jour-là.
Ne pensez-vous pas que vous avez été " choisi parce que votre voix est proche de celle de Richard Cocciante ?
Avant "Notre-Dame de Paris", on ne m'avait jamais dit ça. On me comparait plutôt à Joe Cocker, à Ray Charles, à des voix comme ça. De plus, les mélodies du spectacle sont tellement celles de Cocciante qu'il est difficile pour d'autres timbres rauques, comme le mien, de se démarquer du sien.
Retourner au pays, vous y pensez déjà ?
Bien sûr. Mes plans sont déjà faits. Quand, en mars, nous serons en tournée à Montréal pour quatre mois, je vais commencer à me faire construire là-bas une maison au bord de l'eau, avec un studio au sous-sol, et une grande terrasse pour recevoir mes copains...
« Notre-Dame de Paris » au palais des Congrès, place de la Porte-Maillot, Paris-XVIIe. Du mardi au samedi à 20 h 30. Dimanche à 16 heures. Places : 300, 270 et 200 F. Complet jusqu'au 31 janvier 1999. Tournée en province du 4 au 28 février 1999. Tél. : 01.40.68.29.82.