Garou en a fait du chemin depuis le temps où il reprenait l'essentiel des Beatles avec les Windows & Doors, son tout premier groupe. Il a roulé sa bosse dans les bars, chanté dans des festivals, travaillé son répertoire et son jeu. Il s'est trouvé des affinités avec le blues et le soul, et il a développé cette voix singulièrement rauque qui lui vaut maintenant le rôle de Quasimodo dans le nouvel opéra rock que Luc Plamondon a co-écrit avec Richard Cocciante.
Avant de partir pour Paris, Garou, qu'on surnomme déjà «la voix de Notre-Dame de Paris», se promène avec ses cinq Gangsters. A en croire la foule entassée au Liquor Store la semaine dernière, son retour à Québec était fort attendu. Garou est un habitué de la place: c'est lui qui a chanté le soir de l'ouverture et il y est passé régulièrement depuis. Le public n'était donc pas là que pour entendre Belle, le premier extrait de l'opéra rock, mais pour fêter avec cet excellent showman.
Lors de deux sets fort énergiques, Garou a déployé tout son charme et, surtout, sa voix riche et profonde. S'il se montre habile dans le rock et le folk, c'est dans le blues et le soul qu'il dégage le plus. N'hésitant pas à se frotter aux plus grands, il a entre autres repris James Brown, Stevie Wonder et Wilson Pickett (Mustang Sally).
Les chansons de ces monuments, il se les est appropriées et il possède ce qu'il faut d'enthousiasme et de sensualité provocante pour les rendre de façon convaincante. Mais l'un des beaux moments de ce spectacle demeure celui où il a chanté Belle. Parce que c'est la première pièce dont il est le premier interprète. Et cette chanson nous permet de croire que, servi par des auteurs talentueux, Garou deviendra un interprète de premier plan.