LA PROVENCE

Le dimanche 25 juin 2006

Garou « J’ai une confiance naïve en la vie »

Le Canadien s’est installé en tête des ventes avec son nouvel album. Il le chante et le dit : « L’injustice est partout ». Ne jamais se laissez abattre n’en reste pas moins son credo. Explications.

Un coup de soleil tout frais. Et son front bien rouge fait ressortir le bleu clair de ses yeux. Lorsqu’on l’a rencontré, à Paris, Garou se remettait a peine de la finale de Roland Garros. « On aurait bien rêvé un 5e set », s’enflamme le bonhomme, devenu en quelques années, le fer de lance de la chanson franco-canadienne (et réciproquement). Puis attablé devant un café et tripotant du bout des doigts son paquet de Player’s light, il parle. Discret, sympatoche. Avec sa bouille de gaillard solide, il cause volontiers de ses lectures (cite pêle-mêle Camus, Livingstone, Dan Brown et se fend d’un singulier « j’aime les choses simples ») ; de ses amis « René et Céline (Dion) » - avec l’accent c’est encore mieux- et de son dernier album.
« C’est le 3e enregistré en studio. » Le 12 juin est donc sorti Garou, disque qui porte le nom (et la voix) de son maître. « C’est sans doute le plus homogène de tous, même s’il faut toujours essayer d’être éclectique. On doit retrouver des dynamiques et des charges émotionnelles changeantes. »
Au final, 12 chansons choisies parmi…158. Difficile de trancher ? « Non, le choix s’est très rapidement cette fois. Il y avait des évidences. »

« J’ai croisé Patrick Dills à une distribution des Restos du Cœur.Ca a été une vraie rencontre, humaine, intense »

Des titres qu’on jugera, plus ou moins lisses selon qu’on est fan ou pas, signés par des grands noms comme des inconnus. Pascal Obispo : « Une fabrique à chansons. » Diane Cadieux : « Je ne l’ai jamais rencontrée, mais j’aime donner sa chance a quelqu’un, parrainer … »
Première chanson à investir les ondes : « L’injustice ». « C’est le single pour la France, mais pour le Québec on en a choisi un autre.C’est une chanson qui sonne français » Traduction ? « Ici le texte est plus fort que la musique. Chez nous, c’est à l’américaine : musique avant tout ! »
Le titre (« un peu plombant, des fois ça casse l’ambiance sur les plateaux télé ! ») est soutenu par un clip dans lequel le chanteur a convié Patrick Dills. « Je l’ai croisé pour la première fois à une distribution des Restos du Cœur. Ca a été une vraie rencontre, humaine, intense.Dans ce clip je voulais qu’il soit comme un symbole. Je l’ai invité au Québec. Je lui ai dit : on va te construire autant de bons souvenirs que tu en as de mauvais. »
Ainsi va Garou. Débordant de générosité,de sincérité et d’élan. De reflexions à l’empote pièce et de lieux communs, aussi. Capable de sortir, sans rire : « Si tu souris pas à la vie, comment tu veux que la vie te donne le sourire ? » Ou d’assurer, à une tablée un poil médusée que dans la vie « tout est écrit ».Mystique ? « Ah ouais ! » , revendique le lascar qui semble y croire dur comme fer ( de sa hache de bûcheron canadien).N’empèche, quand ce papa d’une fillette de 5 ans dit avoir « toutes les preuves que la vie est belle », on cède à son optimisme. Il ajoute : « J’ai une confiance naïve en la vie. » Et voilà qu’on a définitivement basculé avec lui du côté de ceux qui « positivent ».
Mais lorsqu’il promet une tournée monstre (« J’ai des idées de fou ! Images de synthèse , effets sonores et cordes ») on sait ses fans en piaffent d’impatience. Parce que l’homme à la voix rauque – porté par un « va et vient d’énergie » entre le public et lui – est un phénomène de scène. « Je ne suis pas excentrique, mais j’aime la folie. »

Coralie BONNEFOY




UN TOUT A TOUT

On connaît donc le Garou suant et s’époumonant avec bonheur sur les scènes d’ici et d’ailleurs, mais le chanteur porte d’autres casquettes. « J’ai deux restos à Montréal, là ce n’est pas moi qui suis le centre d’intérêt. L’un d’eux a décroché le prix du meilleur chef de l’année. C’est une sacrée fierté ! » Avec sa belle gueule, Garou est aussi sollicité par le cinéma : « Au Québec, en France, en Angleterre… » Il adorerait. « Mais pour l’instant ça n’a pas fonctionné : ou je n’ai pas aimé le scénario , ou je ne suis pas disponible. » Les rôles proposés ? « De toutes sortes… Policier, bandit, au cœur d’un triangle amoureux, ou histoire pathétique à la Quasimodo… » Mais le projet qui lui tient vraiment à cœur ,c’est de sortir un album en anglais. « Ce serait un peu plus rock, un disque le plus organique possible. Un sorte de Brian Adams, en plus moderne. »